« Au Renard Blanc » : plus qu’une boutique d’extermination d’animaux nuisibles, un lieu historique

Empaillés et pendus. Tel est le sort réservé aux rongeurs qui passeraient entre les mains des Aurouze. En témoigne leur vitrine, 8 rue des Halles, dans le premier arrondissement de Paris. Les Aurouze, c’est la famille propriétaire de la boutique « Au Renard Blanc » depuis 1872. Un nom n’ayant aucun rapport avec les rats, et pourtant, c’est grâce à ces rongeurs, hantise des Parisiens, que la maison Aurouze s’est fait un nom. Le lieu, devenu historique, fait parti du décor du quartier et de l’histoire de la dératisation.

 

Au Renard Blanc, 8 rue des Halles, la vitrine ne passe pas inaperçue
Au Renard Blanc, 8 rue des Halles, la vitrine ne passe pas inaperçue. Crédit photo : Cloé Rigaud

Revenons quelques années en arrière. Quartier des Halles, 1925. Des rats sont capturés grâce à une invention signée Aurouze. Une invention nommée « tapette à souris ». Lorsque nous tapons « inventeur de la tapette à souris » dans Google, on tombe bien sur le nom « Etienne Aurouze ». Seulement, aucun papier formel ne le prouve. On n’a plus qu’à les croire sur parole. Quoiqu’il en soit, en vitrine, une pancarte indique « rats surmulots capturés aux halles vers 1925 ». Une sorte de fierté pour la famille, qui rappelle, avec ses trophées exposés, qu’elle fait partie des meilleurs en matière d’extermination de nuisibles depuis des générations. Car oui, l’art de la dératisation se transmet de génération en génération. Aujourd’hui, c’est Julien Aurouze qui gère la maison.

 

Les rats exposés en vitrine ont été capturés en 1925
Les rats exposés en vitrine ont été capturés en 1925. Crédit photo : Cloé Rigaud

Pénétrons dans cet endroit historique. Surprise, l’intérieur de la boutique est tout ce qu’il y a de plus normal. Un peu vieillot certes, mais normal. Sur le comptoir, les produits dérivés de la boutique, de simples cartes postales avec pour illustration, la vitrine évidemment. Et si une carte postale c’est trop banal, il est possible d’offrir des animaux ou insectes empaillés précieusement encadrés. Mais le plus important se trouve derrière le comptoir. Tous les produits pour venir à bout de nos problèmes d’invasion de bestioles en tout genre, attendent d’être achetés. « Graine diabolique », « colle du diable », ou encore « poudramor », des noms créatifs qui laissent penser qu’après ça, vos problèmes de bê-bêtes malvenues se conjugueront au passé. Pour vous conseiller, Rémy Choisy, vendeur depuis 6 ans au Renard Blanc. D’une lenteur exemplaire, pas commercial pour un sou, mais de bon conseil, c’est ce qui compte après tout. Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de la boutique, il dit d’un ton très froid, « c’est chaleureux ». La situation est ironique.

Rémy Choisy, conseiller au Renard Blanc depuis 6 ans
Rémy Choisy, conseiller au Renard Blanc depuis 6 ans. Crédit photo : Cloé Rigaud

 

« Ratatouille paris 1er dératisation »

La maison Aurouze extermine les rats mais pas que. Blattes, cafards, souris et autres punaises de lit sont dans le collimateur de la famille. D’ailleurs, une cliente se dit envahie par les blattes. Profitons-en pour lui demander comment elle a connu la boutique. « Je connais la boutique mais je ne savais plus exactement l’adresse donc j’ai tapé dans Google ‘ratatouille paris 1er dératisation’ et j’ai atterris ici ». Ratatouille, oui le dessin animé où un rat d’égout joue à Top Chef. Le rapport ? Et bien figurez-vous que la vitrine du 8 rue des Halles apparaît dans le dessin animé. Si si regardez bien à la 51è minute. Contrat signé entre Aurouze et Pixar, et hop, les rats empaillés et pendus jouent les stars sur nos écrans. Une anecdote plutôt pas banale, mais n’ayant eu aucune répercussion sur le nombre de visiteurs dans la boutique d’après Rémy. A croire qu’elle n’avait pas besoin de Pixar et autre Disney, pour faire sa réputation.

« Restez calme et prenez la photo » 

Plus qu’un lieu d’extermination d’animaux nuisibles, la boutique fait partie des circuits touristiques parisiens. D’après Rémy, les touristes prennent leur photo devant la vitrine et continuent leur chemin. C’est LA photo à mettre dans son carnet de voyage. Sur la vitrine, on peut lire « restez calme et prenez la photo » suivi du hastag #maisonaurouze. Certains paraissent choqués et d’autres amusés. Rémy nous raconte même qu’il s’est déjà fait insulter d’assassin par des passants. A contrario, d’autres poussent la porte simplement pour féliciter l’originalité de la vitrine.

Les touristes, choqués ou amusés, repartent avec leur photo souvenir
Les touristes, choqués ou amusés, repartent avec leur photo souvenir. Crédit photo : Cloé Rigaud

Et à propos, nous aussi on a demandé l’avis aux passants. A la question « que pensez vous de cette vitrine ? » les réponses sont plutôt clémentes. Les passants semblent plus amusés qu’heurtés. Et d’autres sont indifférents, comme ce monsieur trapu à lunettes, qui nous a répondu simplement qu’il ne pensait « rien de particulier ». Difficile de rester de marbre face à cela. Rappelons quand même qu’on parle de rats empaillés et pendus dans une vitrine depuis 1925. Face à notre déception et incompréhension face à sa réponse, il ajouté « elle fait partie de l’histoire du quartier. C’est une boutique à l’ancienne et ça a tendance à disparaître c’est pour ça qu’ils la gardent ». En tous les cas, si vous avez un rat chez vous, et qu’il n’est pas là pour faire la cuisine, vous savez où aller.

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